Hinamatsuri, «la fête des poupées » est associée aux filles, tandis que Tango no sekku « le jour des enfants » est plutôt associé aux garçons. Mais saviez-vous que ces 2 fêtes sont dérivées de la numérologie chinoise ? L’obtention d’un numéro pair en additionnant le même nombre impair du jour et du mois (donc 3/3 et 5/5) étant de mauvais augure, rien de mieux qu’une fête pour conjurer le mauvais sort !
Et comme d’habitude, les fêtes et festivals traditionnels sont d’abord d’origine agricole, il s’agit donc ici de célébrer... le pêcher, dont les fleurs apparaissent au début du mois de mars et auquel on prête les vertus d’éloigner le mal et de favoriser la longévité. Dans le Kojiki, compilé en 712, les fruits du pêcher sont déjà décrits comme capables de « renvoyer les dieux de la foudre au royaume des morts », et le célèbre héros folklorique Momotarô, nommé d’après la pêche (桃momo) dans laquelle il fut trouvé, devient l’émissaire chargé d’éliminer les démons.
Quant à la longévité, il s’agit d’un jeu de mots, puisque momo est une des lectures du caractère pour 100 (百), notamment dans la lecture momotose du composé 百歳 (« 100 ans »). Pour toutes ces raisons, on trouve des fleurs de pêcher sur l’autel des poupées de Hinamatsuri, une coutume introduite au Japon entre le 8e et le 12e siècle d’abord parmi les enfants de la noblesse, puis popularisée durant la période Édo (17e-19e siècle) avec le développement des commerces et du mode de vie des citadins.
De nos jours, Hinamatsuri est bien sûr l’occasion de décorer un coûteux autel de poupées, mais également d’inculquer les bonnes manières aux jeunes filles, qui vêtent un kimono et rendent visite à leurs proches afin de déguster un repas festif mais codifié, puisqu’on est d’abord là pour détourner la malchance et optimiser la bonne fortune !
Les plats typiques sont donc
Hishimochi : un gâteau de riz en forme de diamant et généralement composé de 3 couches rose, blanche et verte utilisant du gardénia, du trapa et de l’armoise japonaise, cette dernière étant régulièrement utilisée pour éloigner les insectes et le malheur des maisons. Chaque couche ayant pour signification l'éloignement du mal, la longévité, la pureté et la croissance saine que l’on souhaite aux jeunes filles ce jour-là.
Hina arare : Des crackers de riz soufflé disponibles en 3 ou 4 couleurs. En 4 couleurs pêche, vert, jaune et blanc, ils représentent les 4 saisons, tandis qu’en 3 couleurs blanc, vert et rouge, ils représentent la terre enneigée, le bourgeonnement des arbres et le sang, symboles de vie et d’énergie.
Le Chirari-zushi, enfin, n’est pas exactement le type de sushi que vous avez l’habitude d’attraper avec vos baguettes et d’engloutir en une bouchée. Il s’agit plutôt d’un plat rempli de riz surmonté d’ingrédients de bon augure, notamment :
- du colza
- des palourdes symbolisant l’union maritale et le fait de passer sa vie avec 1 seule personne
- de l’armoise japonaise pour une croissance saine
- des crevettes pour vivre jusqu’à un âge où le dos se courbe
- des fèves pour la bonne santé et un travail acharné
Pour la boisson, une coupe d’amazaké (puisque sans alcool) permet d’éloigner les mauvais esprits tout en produisant un tas d’effets traditionnellement désirables chez une jeune Japonaise : améliorer la digestion, éviter la constipation, aider à garder la ligne et rendre la peau plus blanche et plus belle.
Vous en savez désormais un peu plus sur Hinamatsuri, ses origines et tout l’aspect culturel entourant l’exposition des poupées, vous pourrez donc sans doute apprécier avec plus d’acuité les détails de la décoration de ces fameux autels !